Chroniques interactives Saison 1

Chroniques Interactives – S01E02

Chroniques Interactives - Saison 1

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Pour une lecture dans les meilleures conditions, je vous conseille d’utiliser un casque ou des écouteurs et de lancer cette musique en fond :


— Bon, vu ce qu’il est en train de tomber, je vais me contenter de prendre vos coordonnées pour vous convoquer plus tard. Donnez-moi vos papiers d’identité s’il vous plaît. »

La jeune femme tend sa main vers moi.

« Ah, vous faîtes partie de cette première vague qui a été sélectionnée pour expérimenter cette fameuse puce sous-cutanée. Bon, laissez-moi un instant. »

Habituellement, seule une application fournie par l’Etat à ceux qui travaillent pour lui est capable d’identifier les informations d’identité stockées sur ces nouvelles puces. Application qui se trouvait sur la tablette maintenant hors service. Mais en la chargeant sur mon téléphone personnel et en m’identifiant dessus, ça devrait pouvoir fonctionner aussi. Chaque semaine, de nouvelles vagues de personnes sont définies par l’Etat pour se faire poser cet implant dans leur main contenant leurs informations d’identité ainsi que leurs points sur leur permis citoyen. Jusqu’à maintenant, il s’agissait d’une simple carte sur laquelle se trouvait le nom, prénom, date de naissance et lieu de résidence de la personne avec un code-barres à côté, que l’on pouvait scanner pour avoir accès à tout le reste concernant la vie de la personne (ses ressources financières, son casier judiciaire, son permis citoyen avec le solde points restant et les infractions causées, …). L’Etat a voulu passer à quelque chose de plus … résistant (notamment à cause des pluies acides) et d’ici quelques semaines, tout le monde en sera équipé, moi compris.

Je charge l’application sur mon téléphone et après l’avoir ouverte, l’approche de sa main. Le résultat s’affiche de suite : Mlle Rachelle RICHARDSON – 35 ans – Permis citoyen de rang C avec 200 points restants – 150 $ restants sur son compte en banque et un virement entrant de 2000 $ qui sera bientôt crédité dessus (information communiquée par la Banque lors d’un contrôle mais encore inconnue de la personne car ça ne s’affiche sur son compte que lorsque l’opération sera vraiment comptabilisée) – Réside au 5 Avenue des Grands Penseurs. Apparaît également son numéro de téléphone.

Je range mon téléphone et m’adresse de nouveau à elle, après les quelques minutes qu’il nous a fallu pour faire cela :

« Je vous remercie. Vous serez très vite recontactée. Bonne journée à vous et bon courage pour votre enfant. Un conseil, attendez que les précipitations cessent avant de sortir de l’hôpital avec lui. »

Elle me gratifie d’un hochement de tête et d’un petit sourire qui m’a l’air sincère, certainement pour me remercier de l’avoir laissée repartir si vite, et reprend sa course vers l’hôpital.

De mon côté, je continue mon chemin, et après quelques minutes j’arrive enfin au Bureau. Toujours surpris par l’immensité du bâtiment, je le regarde pendant quelques secondes avant de rentrer. La façade d’un blanc immaculé est protégée contre les pluies acides via une espèce de grosse tôle au-dessus du bâtiment et un système de ventilation assez énorme souffle constamment tout autour pour éviter que trop de poussières et d’éléments polluants ne viennent se déposer sur les murs. L’entrée est gardée par Ben et un nouveau, que je ne connais pas qui a dû être recruté tout récemment.

Machinalement, je montre mon badge même si on commence à me connaître ici, et Ben me fait signe de la main de passer. Il est en fonction à ce poste d’aussi longtemps que je m’en souvienne et semble apprécier sa place. Certains soirs, quand nos journées ne sont pas trop éreintantes, on se retrouve occasionnellement dans le bar « Deliverance », bien connu de tous ici pour s’évader un peu et se raconter nos vies bien mornes.

Il s’avance vers moi et me tend son énorme paluche. C’est dans ces moments là que je me dis qu’il ne vaut mieux pas l’avoir en ennemi :

« Comment ça va Ed’ ? Combien de fois je vais devoir te le dire, pas la peine de nous montrer ton badge, on te connaît maintenant ! Ha ! Ha ! Ha !»

Tous les gens que je côtoie régulièrement ici ont pris l’habitude de m’appeler par le diminutif de mon prénom, Edward. Ca ne fait pas très corporate mais mes supérieurs qui eux m’appellent par mon prénom complet, n’ont jamais trouvé rien à redire donc j’imagine que c’est toléré.

« La routine, Ben, la routine. D’ailleurs, notre dernière sortie au Deliverance remonte à pas mal de temps ? Il faudra y retourner un soir dans la semaine pour se changer un peu les idées !

— Pas de soucis, on se tient au courant ! Par contre, tu ferais bien de te dépêcher, je crois que t’es attendu à l’étage. J’ai rarement vu George autant en panique. Je pense que l’affaire doit être vraiment sérieuse cette fois.

— Ok, j’y vais de suite alors ! Bonne journée à toi Ben. »

Après avoir fait un petit salut de la tête aux deux vigiles, je rentre dans le bâtiment et enlève mon masque. Si George, notre directeur d’opérations, est dans tous ses états, c’est que je vais encore passer une journée épuisante. Mais bon, c’est le métier qui rentre !

Je monte à l’étage en passant devant plusieurs bureaux et arrive enfin dans la salle de réunion où George m’attend.

« Ah, Edward, vous voilà ! Je ne vous demande pas si votre matinée s’est bien passée car on n’a pas le temps avec ce genre de bavardage futile aujourd’hui ! Installez-vous et je vais pouvoir vous faire le topo du jour, mais croyez-moi les gars, si vous vouliez vous reposer un peu aujourd’hui, c’est raté. »

Je prends place sur une chaise et sort un vieux calepin de ma poche pour prendre des notes.

« Le Commandement général m’a fait part d’une affaire de la plus haute importance ce matin, et c’est nous qui devons nous en charger car il s’agit de notre district. Un mec s’est donné la mort en utilisant le dispositif que l’Etat a mis en place il y a quelques années, et que l’on a tous chez nous, ce fameux bouton rouge. Le problème, c’est que c’était apparemment une menace pour l’Etat. Pour que le Commandement général le qualifie de terroriste, c’est qu’il a dû faire des choses qui pourraient mettre en péril notre nation.

— Quel est le problème s’il est mort ?

— Le soucis, c’est qu’avant de se donner la mort, il aurait, semble-t-il, envoyer un message vidéo et un mail à quelqu’un. Le logiciel de filtrage des communications a eu un bug à ce moment-là et impossible de déterminer à qui était destiné ce message, ni quel était son contenu. Pas besoin de vous le préciser, mais on a obligation de résultat sur ce coup-là. Vous êtes le seul agent disponible que j’ai sous la main actuellement donc je compte sur vous Edward. Je ne vais pas vous apprendre votre métier mais je pense qu’une petite visite chez lui, et un petit interrogatoire de ses proches constitueraient un bon point de départ. On a essayé de contacter son ex-femme mais impossible de la joindre pour le moment. Vaudrait mieux pas pour elle qu’elle soit impliquée là-dedans et qu’elle essaye simplement de nous éviter …

— On a des informations sur lui comme son nom et son adresse j’imagine ?

— Son nom c’était Mattew RICHARDSON, 38 ans. Visiblement accablé par les dettes, il a préféré se donner la mort. »

Au moment où George me tend un morceau de papier sur lequel se trouve l’adresse de Richardson, mon esprit se fige et je reste quelques secondes sans réagir. Richardson, c’est bien le nom de la femme que j’ai croisé en venant au bureau ce matin ? Ce n’est pas un nom très courant, mais il y a une petite chance pour que ça soit une simple coïncidence aussi.

George me met une petite tape sur l’épaule pour me faire réagir :

« Hé, réveille-toi ! Ne me dis pas que t’as pris une cuite hier soir ? Faut vraiment que tu sois 100% opérationnel sur ce coup-là ! »

Je reprends mes esprits, récupère le papier que je mets dans ma poche, tout en me demandant si je ne devrais pas lui parler de la rencontre avec cette jeune femme ce matin qui semblait drôlement pressée … Allait-elle-vraiment à l’hôpital ou essayait-elle de fuir quelque chose ?

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